Les tests d’angine en pharmacie bientôt remboursés

Ces examens très rapides en officine permettent de savoir si votre mal de gorge nécessite des antibiotiques.

 Près de 600 pharmaciens sont actuellement habilités à faire des tests pour déterminer l’origine de votre mal de gorge.
Près de 600 pharmaciens sont actuellement habilités à faire des tests pour déterminer l’origine de votre mal de gorge. LP/Olivier Boitet

    Saviez-vous que la plupart des angines ne nécessitent pas d'antibiotiques ? Pour s'en assurer, il suffit de pousser la porte d'une officine, d'ouvrir la bouche et de tirer la langue. Depuis plusieurs années, les pharmaciens sont autorisés à réaliser un examen qui détermine l'origine de votre mal de gorge. Mais le gouvernement nous annonce vouloir aller plus loin, améliorer ce dispositif, faciliter l'accès à ces tests qui seront désormais remboursés au 1er janvier.

    Des mesures que Matignon va présenter ce lundi à l'occasion du comité interministériel de la santé. L'objectif est double. D'abord, lutter à tout prix contre la surconsommation et le mauvais usage d'antibiotiques qui conduit au développement de résistances des bactéries, un véritable problème de santé publique. C'est particulièrement le cas pour les angines qui correspondent à 10% des prescriptions d'antibios, soit 9 millions de cas chaque année, alors que 80 % d'entre elles sont d'origine virale et guérissent avec des antalgiques contre la fièvre et la douleur. Et cela coûte cher, 20 millions d'euros par an de prescriptions inutiles!

    Si en France, les médecins généralistes pratiquent ces tests lors des consultations, ils sont, selon Matignon, insuffisamment utilisés : seuls 40% en ont commandé en 2017. Pourquoi ? Contacté, l'ordre des médecins n'a pas souhaité s'exprimer. Pour éviter un mauvais diagnostic et désengorger les cabinets bondés, le deuxième objectif, ces dépistages en officine pourraient être la solution.

    « Huit minutes plus tard, les résultats s'affichent »

    « Sur les 4200 pharmaciens, nous sommes près de 600 à avoir reçu cette formation et être habilités à faire ces tests. Mais c'est une très bonne idée de vouloir aller plus loin », encourage Martial Fraysse, président du conseil régional d'Ile-de-France de l'ordre des pharmaciens.

    L'examen est simple. Un espace de confidentialité, un kit de test d'une dizaine d'euros, des gants, un chronomètre et le tour est joué. « On frotte un gros coton-tige dans la région des amygdales. Huit minutes plus tard, les résultats s'affichent sur la plaquette. Un trait, c'est viral, deux, bactérien. » Dans le deuxième cas, un pharmacien ne sera pas autorisé à vous délivrer un traitement, il faudra toujours consulter un médecin.

    Qu'en pensent les patients ? « C'est une bonne idée, assure Hortense, 39 ans, croisée ce dimanche à Paris avec ses deux enfants. Cette semaine, j'avais peur que ma fille ait une angine car elle avait très mal à la gorge et on ne sait jamais comment ça peut évoluer. On a dû attendre quatre jours un rendez-vous chez le médecin pour apprendre que c'était une pharyngite. Alors, ces tests en pharmacie, je trouve ça plutôt pratique. »

    Sa copine Stéphanie, 38 ans, acquiesce : « Tant qu'il s'agit juste de les détecter, pourquoi pas. » Un peu plus loin, Eugénie, 35 ans, en pleine promenade du dimanche avec son petit garçon est du même avis : « C'est pertinent mais je passerai toujours par mon médecin traitant pour des antibiotiques. Une angine, ça peut dégénérer. »

    Le gouvernement compte-t-il étendre ces tests à d'autres pathologies hivernales ? Selon Matignon, ce n'est pas à l'ordre du jour.

    Les pharmacies vaccinent aussi

    En plus du dépistage de l'angine, les pharmaciens sont autorisés à réaliser deux autres tests dans leurs officines : celui de la glycémie lors des campagnes de prévention du diabète et celui de la grippe, réalisé le plus tôt possible après l'apparition des premiers symptômes. Face aux déserts médicaux, aux cabinets surchargés, ces professionnels en blouse blanche, diplômés d'un bac + 6, sont toujours plus sollicités.

    Concernant la grippe, quatre régions, la Nouvelle-Aquitaine, l'Occitanie, l'Auvergne Rhône-Alpes et les Hauts de France, ont expérimenté, cet hiver, la vaccination en officine, un geste habituellement réservé aux médecins et aux infirmiers. « On a immunisé 700 000 personnes », se réjouit Anne-Sophie Malachane, pharmacienne à Bron, près de Lyon et élue de l'ordre. Fort de ce succès, cette vaccination sera généralisée à toutes les officines de France dès l'hiver prochain.

    Dans le cadre de la loi santé, les députés les ont autorisés, jeudi dernier, à délivrer, sous certaines conditions, des médicaments sous prescription obligatoire pour des pathologies bénignes comme des cystites.