Cancer du sein : 20 000 Françaises invitées à un dépistage sur mesure

Alors que moins de la moitié des femmes de 50 ans se prête au dépistage du cancer du sein, une nouvelle étude propose à 20 000 d’entre elles une approche individualisée, selon leur risque de développer la maladie.

 L’idée est de mettre en place un dépistage qui ne se fonde plus sur le seul critère de l’âge mais sur le risque propre à chacune de développer un cancer du sein.
L’idée est de mettre en place un dépistage qui ne se fonde plus sur le seul critère de l’âge mais sur le risque propre à chacune de développer un cancer du sein. Getty Images/iStockphoto

    Il suffit de regarder sur les réseaux sociaux. Ou plus simplement de discuter avec ses amies ou collègues pour se rendre compte à quel point le dépistage du cancer du sein suscite des interrogations, des doutes, des peurs. Aujourd'hui, moins de 50 % des femmes de 50 à 74 ans se prêtent aux mammographies préconisées tous les deux ans, bien en deçà des recommandations européennes qui en visent 70 %.

    « La réticence vient de l'angoisse du résultat, de la peur que l'examen fasse mal, de son dénigrement sur Internet », déplore le Dr Bruno Cutuli. Et le président de la société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM) de rappeler que, malgré les progrès thérapeutiques, le crabe indocile se loge chaque année dans 54 000 nouvelles poitrines, et tue 12 000 femmes dans notre pays (92 000 en Europe).

    Une étude pourrait bien totalement rebattre les cartes du dépistage en France. Annoncé (et reporté) à de multiples reprises, MyPeBS est, nous le révélons, désormais en place. MyPeBS pour My Personnal Breast screening, c'est-à-dire une surveillance personnalisée, qui ne se fonde plus sur le seul critère de l'âge mais sur le risque propre à chacune de développer un cancer. Du sur-mesure, qui se donne pour ambitieux objectif de détecter de manière précoce un cancer chez les femmes les plus à risque, et de diminuer le nombre d'examens chez celles qui le sont le moins.

    Financé par l'Union européenne (12 millions d'euros), coordonné par Unicancer, le réseau d'hôpitaux français spécialisés en oncologie, cet essai prévu pour durer six ans entend faire participer 85 000 femmes du Vieux Continent, 20 000 dans l'Hexagone.

    « Cela va totalement dans le sens des patientes, qui réclament, de façon légitime, des examens et des réponses adaptés à leur situation personnelle », s'enthousiasme la professeure Dominique Stoppa-Lyonnet. Pour la responsable du service de génétique de l'Institut parisien Curie, MyPeBS étend à grande échelle le suivi individualisé réservé actuellement des femmes à très haut risque du fait d'une prédisposition génétique (BRCA 1 ou 2). « On est dans la même démarche de précision pour un maximum de femmes », résume-t-elle.

    «Le dépistage est un élément central de santé publique»

    Pourtant, MyPeBS ne fait pas que des émules. « On rêvait d'une telle étude mais quelque chose cloche », tique la docteure Cécile Bour, présidente de Cancer Rose, un collectif de médecins qui contestent l'efficacité du dépistage systématique. « Pour bien faire, il aurait fallu un autre volet, sans dépistage, lance la radiologue. En l'état, on survend le produit sans informer les patientes des effets indésirables, comme le surdiagnostic que ne va pas résoudre MyPeBS. »

    « Ça peut faire bouger le Titanic », affirme au contraire Bruno Cutuli. « Mais les résultats de l'étude ne seront pas connus avant plusieurs années. En attendant, que faisons-nous ? », demande le médecin avant d'amorcer aussitôt sa réponse. « On garde le dépistage actuel et on l'incite. Il est mis à mal mais il est un élément central de santé publique. Quand je vois en consultation une femme avec un cancer avancé qui est venue très tard parce qu'elle avait lu que le dépistage ne servait à rien, cela me rend fou de rage. »

    Etude sur le cancer du sein : comment participer