BFMTV
Santé

Vaccins contre le Covid-19: pourquoi la France a-t-elle commandé 200 millions de doses?

La liste des populations prioritaires aux Etats-Unis pour la vaccination contre le Covid-19 n'a pas été officiellement arrêtée, mais déjà les avis d'experts y divergent

La liste des populations prioritaires aux Etats-Unis pour la vaccination contre le Covid-19 n'a pas été officiellement arrêtée, mais déjà les avis d'experts y divergent - JOEL SAGET © 2019 AFP

Les contrats passés par la France correspondent en réalité à des pré-achats. Seuls les vaccins qui auront été autorisés à être mis sur le marché seront livrés.

Environ 1,16 million de doses de vaccin seront livrées à la France avant la fin de l'année, a annoncé ce mercredi le Premier ministre Jean Castex lors d'une allocution à l'Assemblée nationale. Au total, la France a commandé environ 200 millions de doses, qui peuvent permettre de vacciner 100 millions de personnes puisque le vaccin nécessite à ce jour deux injections à quelques semaines d'intervalle.

Mais pourquoi commander des vaccins pour 100 millions de personnes alors que la France compte environ 70 millions d'habitants? Comme nos confrères de Checknews le rappellent, la France n'a pas attendu les résultats définitifs des différents vaccins en test pour entamer les discussions avec ses voisins européens sur la meilleure stratégie vaccinale à adopter.

Une stratégie européenne

"Plusieurs candidats-vaccin avaient été identifiés dès juin comme ayant des chances de réussir et, dès le printemps dernier, la France avait proposé à ses partenaires européens d’acquérir ces vaccins ensemble, pour peser plus dans les négociations avec les laboratoires. Et pour éviter la logique du premier arrivé, premier servi", avait expliqué le Premier ministre lors d'une conférence de presse le 3 décembre dernier.

Au printemps, la France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Suède et la Pologne s'étaient ainsi réunis avec la Commission européenne pour créer une task force chargée de négocier avec les laboratoires pharmaceutiques. Des contrats avaient ainsi été conclus pour près de deux milliards de doses de vaccin à répartir entre l'ensemble des pays de l'Union européenne, au prorata de leur population. Avec ces contrats, la France se voyait ainsi allouée 200 millions de doses.

Six firmes pharmaceutiques étaient alors concernées: les labos Pfizer-BioNTech (300 millions de doses), AstraZeneca (400 millions), Moderna (190 millions), Sanofi-GSK (300 millions), Johnson & Johnson (400 millions) et CureVac (405 millions).

Pour le moment, ces vaccins n'ont donc pas été achetés par les différents Etats mais uniquement "pré-achetés". Ils ne seront effectivement payés qu'une fois livrés, c'est-à-dire, quand ils auront passé l'étape décisive de l'autorisation de mise sur le marché au niveau européen.

Une "marge de sécurité"

"C’est plus que nos besoins", avait aussi reconnu Jean Castex le 3 décembre, qui estime cependant que les près de 30 millions de doses supplémentaires correspondent à "une marge de sécurité". Alors que certains vaccins, notamment ceux des labos Pfizer-BioNTech entraînent de nombreux défis logistiques, ces 30 millions de doses représentent aussi une marge non négligeable en cas de perte.

"Nous avons beaucoup de doses car nous voulons avoir un portefeuille diversifié pour ensuite être sûr d’avoir au moins un vaccin, voire deux, qui obtiennent une autorisation de mise sur le marché", explique de son côté la Commission européenne à CheckNews.

En revanche, rappelle le site, si les vaccins obtiennent une autorisation de mise sur le marché, les Etats seront alors dans l'obligation d'honorer leurs commandes. Pour le moment, seuls les labos Pfizer-BioNTech et Moderna ont déposé une demande d’autorisation de mise sur le marché. L'Agence européenne du médicament se réunira le 21 décembre pour en débattre.

Cyrielle Cabot Journaliste BFMTV