Bientôt un vaccin français contre le Chikungunya
La biotech française Valneva a obtenu de très bons résultats lors d'un premier essai chez l'homme. Un marché de plus de 500 millions se profile à l'horizon.
Ce ne sont pas les grands industriels du vaccin qui se montrent les plus innovants . Il n'y a plus, aujourd'hui et dans les pays développés, de maladies infectieuses suffisamment répandues pour faire l'objet des vaccins à fort chiffre d'affaires, les seuls à être capables de rentabiliser leur développement. Résultat, ce sont de petits acteurs, capables eux de tirer parti d'un marché plus limité, qui s'intéressent à la maladie de Lyme, au Chikungunya ou au Zika.
C'est le cas notamment de la société nantaise Valneva, spécialisée dans les vaccins pour les voyageurs. Elle vient d'annoncer l'ouverture d'une filiale commerciale en France et d'excellents résultats de Phase I pour le vaccin qu'elle développe contre le Chikungunya. En attendant, Valneva France, la sixième filiale commerciale de la société, basée à Lyon en raison de la densité de l'écosystème vaccinal, assurera dans l'Hexagone la commercialisation de ses deux vaccins actuels : Ixiaro contre l'encéphalite japonaise et Dukoral contre le choléra et la diarrhée des voyageurs. La France figure avec les Etats-Unis, le Canada, les pays nordiques, le Royaume-Uni et l'Autriche, parmi ses marchés stratégiques.
Deux vaccins de plus
Après avoir récupéré en 2015 les droits de distribution de ses vaccins auprès de Novartis, Valneva a en effet entrepris de se doter de sa propre infrastructure de commercialisation. « Cela nous a permis de multiplier par plus de deux nos ventes depuis quatre ans », assure Franck Grimaud, coprésident de Valneva, dont le chiffre d'affaires 2019 devrait se situer entre 125 et 130 millions d'euros. Et ce n'est qu'un début, puisque Valneva pourrait disposer assez rapidement de deux vaccins supplémentaires - contre la maladie de Lyme (2024) et contre le Chikungunya (2022).
Son vaccin contre le Chikunguya pourrait bénéficier d'une procédure accélérée. Cela permettrait alors à Valneva de rattraper ses concurrents, l'autrichien Themis Biosciences et l'américain Emergence BioSolution, qui ont, eux, achevé leurs essais de Phase II. Ce sont les bonnes performances du vaccin de Valneva (réponse immunitaire chez la totalité des 120 personnes après une seule injection) qui ont suscité l'intérêt des autorités américaines, notamment pour l'armée.
Licence de production
« Nous sommes impatients d'être fixés sur le lancement de la Phase III à l'issue de la réunion programmée fin février avec les autorités américaines », explique Franck Grimaud. D'autant qu'un autre concurrent pointe le nez, l'américain Moderna Therapeutics, qui s'appuie sur une autre technologie vaccinale.
Au-delà des voyageurs, il y a aussi des besoins de santé publique dans les pays endémiques, y compris aux Antilles ou à La Réunion. Valneva prévoit donc comme pour l'encéphalite japonaise de trouver un partenaire indien ou brésilien auquel il céderait une licence pour une production de masse à faible coût
Catherine Ducruet, avec Lea Delpont