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Urgences : comment Borne veut aider l'hôpital à passer l'été

La Première ministre a retenu les 41 mesures de la mission Braun pour désengorger les hôpitaux cet été, parmi lesquelles un bonus de 15 euros pour les médecins libéraux. Les urgentistes de l'Amuf refusent tout filtrage par le 15.

A l'hôpital, un « complément de rémunération pour le travail de nuit des soignants sera expérimenté pendant trois mois », a promis Elisabeth Borne.
A l'hôpital, un « complément de rémunération pour le travail de nuit des soignants sera expérimenté pendant trois mois », a promis Elisabeth Borne. (Jacques Witt/SIPA)

Par Alain Ruello

Publié le 3 juil. 2022 à 17:12Mis à jour le 3 juil. 2022 à 17:31

Un plan plus ou moins bien reçu, pratique à défaut d'être original, dont il reste à voir s'il permettra de faire baisser la température cet été et qui, surtout, ne referme pas le dossier. C'est ainsi qu'a été accueillie l'ordonnance d'Elisabeth Borne sur les urgences, dans la foulée de la remise des conclusions de la mission flash confiée au Dr François Braun. Soucieuse de déminer le terrain, la Première ministre a annoncé vendredi qu'elle en retenait les 41 propositions pour désengorger les hôpitaux au moment où la France fait face à une 7e vague de Covid.

Le document de 60 pages avait été présenté jeudi par le président de Samu-Urgences de France lors d'une réunion de travail à Matignon, en présence de la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, de représentants de l'Assurance maladie, et de la fédération d'associations de patients France Assos Santé. Fin mai, Samu-Urgences de France avait recensé au moins 120 services contraints de limiter leur activité ce qui a déclenché la mission par Emmanuel Macron lui-même.

En déplacement au centre hospitalier de Pontoise, dans le Val-d'Oise, Elisabeth Borne a présenté ces propositions comme « une boîte à outils » à disposition de tous les territoires pour que les professionnels, les élus, toutes les professions de la santé puissent s'en emparer et décliner localement les meilleures solutions pour les Français. « Dès la semaine prochaine, les ARS en lien avec les préfets et toutes les professions de santé pourront s'emparer de ces outils », a-t-elle assuré.

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Les mesures se déclinent selon trois axes. Le premier consiste à « améliorer l'information et l'orientation des patients », pour que « chacun puisse prendre le réflexe du 15 et ne pas venir systématiquement aux urgences.  » Le filtrage généralisé par le Samu n'a cependant pas été explicitement mentionné.

Médecins libéraux satisfaits

Le deuxième axe consiste à « mobiliser tous les professionnels de santé », a poursuivi la Première ministre, confirmant notamment la mise en place d'un bonus de 15 euros par consultation « pour inciter les médecins (libéraux) à prendre des personnes en soins non programmés ». Dernier axe enfin : les hôpitaux, nombre d'entre eux manquant de bras et/ou souffrant de conditions de travail difficiles. Face à cette situation, un « complément de rémunération pour le travail de nuit des soignants sera expérimenté pendant trois mois », a promis la cheffe du gouvernement.

Les libéraux, par l'intermédiaire de MG France, ont accueilli tout cela plutôt positivement. Parmi les points de satisfactions, le syndicat a listé la majoration de 15 euros, la régulation à l'entrée des urgences ou encore le renfort facilité pour rappeler les médecins retraités. Ses représentants ont aussi retenu les « principes indispensables » mis en avant dans le rapport bien que leur mise en oeuvre n'ait pas été précisée. Exemple : l'hospitalisation directe des patients sans passer par les urgences lorsqu'ils sont adressés par leur médecin traitant.

« Rupture de service public »

Pour autant, ses représentants regrettent certains oublis, comme l'élargissement de la permanence des soins ambulatoires aux soirées et au samedi matin, ou la prise en charge à 100 % par le régime obligatoire de ces consultations régulées. « MG France sera très vigilant sur les conditions de l'assouplissement préconisé pour la télémédecine et pour les protocoles de coopération, qui ne peuvent contourner le médecin traitant sans menacer la sécurité des patients », a averti l'organisation, rappelant la nécessité d'agir de façon structurelle.

La tonalité est nettement moins favorable du côté de l'Amuf, le syndicat des urgentistes, dont l'emblématique Dr Patrick Pelloux a dénoncé avec le renvoi en premier recours vers le SAMU « une rupture de service public » susceptible de provoquer « des morts évitables ». Autre grief : l'absence d'obligation ou de contrainte renforcée de garde pour les médecins libéraux dont la simple évocation le mois dernier par le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, avait immédiatement provoqué une levée de boucliers de la profession.

Ce dernier a toutefois adressé un satisfecit partiel à la Première ministre, estimant qu'elle avait « su apporter les réponses nécessaires », quand bien même « il s'agit de mesures à très court terme qu'il faudra compléter par des mesures ambitieuses dès la rentrée ».

Tifenn Clinkemaillié avec A. R.

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