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L’Europe face à la pénurie de médicaments

Même si les différences de comptage d’un pays à l’autre et le manque de transparence des industriels rendent la situation globale difficile à évaluer, les manques sont réels à travers tout le continent. Une situation qui relance le débat sur la rentabilité du secteur.

Par ,  (Athènes, correspondance) et  (Berlin, correspondance)

Publié le 24 janvier 2023 à 11h30, modifié le 22 février 2023 à 12h03

Temps de Lecture 6 min.

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Des préparatrices répartissent l’amoxicilline dans des gélules à la pharmacie Delpech, à Paris, le 13 janvier 2023.

« J’ai déjà fait cinq pharmacies et je ne trouve pas de sirop pédiatrique pour mon bébé. Je n’ai jamais vu une telle situation ! », s’alarme Maria Andrionikou. Aux côtés de cette maman de deux enfants en bas âge, en Grèce, une quadragénaire regrette de ne pas avoir fait des réserves : « Mon fils a de l’asthme et je m’inquiète de ne pas trouver de Ventoline », explique-t-elle. La panique règne dans cette pharmacie d’une banlieue d’Athènes, d’où les deux femmes viennent de ressortir les mains vides.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Médicaments : des pénuries dans toutes les catégories de produits

Devant l’officine, une file d’attente s’est formée, cruel témoin de la disette qui touche le pays. « Je ne sais plus que répondre aux patients affolés qui viennent sans arrêt car ils ne trouvent pas d’antibiotiques, d’antidiabétiques, de sirops ou de médicaments pédiatriques, soupire Eftychia Kouteli, la pharmacienne. Je leur recommande, quand c’est possible, de prendre des génériques, mais nous en manquons aussi dans certains cas. »

La scène aurait tout aussi bien pu se dérouler en France, en Allemagne, au Royaume-Uni… Elle en dit long sur les pénuries de médicaments qui touchent l’Europe depuis plusieurs mois. En raison des différences de méthodes et de critères, qui varient sensiblement d’un pays européen à l’autre, la situation sur l’ensemble du continent reste difficile à évaluer.

« Ruptures exponentielles »

Les compteurs des autorités sanitaires nationales qui répertorient publiquement les pénuries permettent toutefois d’en apprécier, en partie, l’ampleur. En Espagne, 672 médicaments sont actuellement en rupture de stock dans les officines. Ils sont 773 en Suisse, 375 en Estonie, plus de 3 000 en Italie – qui inclut également les produits dont la commercialisation a été arrêtée durant la dernière décennie. En France, à la date du 23 janvier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recensait sur son site Internet près de 320 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur en forte tension.

Le phénomène n’est pas nouveau. Mais il inquiète de plus en plus les acteurs du secteur, qui voient les ruptures d’approvisionnement se multiplier année après année. En 2019, l’ANSM répertoriait ainsi 1 504 signalements dans l’Hexagone pour l’ensemble de l’année. Deux ans plus tard, ce chiffre atteignait 2 160 signalements, soit une augmentation de 43 %.

Ces situations résultent de difficultés d’approvisionnement dont les raisons sont variées. La chaîne de fabrication du médicament est complexe et il suffit d’un problème sur une étape pour l’enrayer. Une contamination lors de la formulation du produit ou l’absence d’un ingrédient peuvent ralentir ou mettre à l’arrêt toute la production. La délocalisation ces dernières décennies de la fabrication des principes actifs, qui rend les industriels dépendants de fournisseurs étrangers, a renforcé la fragilité de cette chaîne. Or, 80 % des principes actifs utilisés en Europe sont fabriqués hors du continent, principalement en Chine, et 40 % des médicaments vendus sont produits en dehors de l’Union. Mais, depuis quelques mois, les tensions sur tous les produits se sont aggravées, notamment pour les médicaments pédiatriques comme le paracétamol et l’amoxicilline.

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