La prévention était à l’honneur, lors de la 30e édition de la conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes, qui s’est tenue du 19 au 22 février à Seattle (Etats-Unis). Particulièrement la prévention contre les infections sexuellement transmissibles (IST). Deux stratégies efficaces y ont été présentées. Une étude française a ainsi confirmé l’intérêt, contre les IST bactériennes, d’une dose préventive d’un antibiotique bien connu, la doxycycline, prise un à trois jours après un rapport sexuel sans préservatif. Cet antibiotique est classiquement recommandé dans le traitement des infections de l’urètre, du col de l’utérus, des trompes utérines ou de l’anus. Il est également indiqué dans le traitement de la syphilis, de la maladie de Lyme, de certaines maladies de peau (rosacée, acné…), d’infections dentaires et de diarrhées d’origine bactérienne, mais aussi en prévention du paludisme.
Le concept de prévention postexposition par la doxycycline a émergé fin 2017, lors de l’essai Ipergay, mené par l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS). Utilisé dans les vingt-quatre à soixante-douze heures après les rapports sexuels, cet antibiotique réduisait d’environ 70 % le risque d’infection à chlamydia et de syphilis.
Parallèlement, diverses études épidémiologiques ont rapporté, ces dernières années, que les personnes vaccinées contre le méningocoque B (avec le vaccin Bexsero de GSK) pouvaient voir le risque d’infection à gonocoque diminuer d’environ 30 %. « Il existe des antigènes communs entre le méningocoque B et le gonocoque », explique Jean-Michel Molina, chef du service de maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Saint-Louis et à l’hôpital Lariboisière (université Paris-Cité), d’où une possible protection croisée conférée par le vaccin antiméningocoque contre cette IST.
Aucun effet indésirable sévère
L’étude DoxyVAC, coordonnée par Jean-Michel Molina, a été promue et financée par l’ANRS. Entre janvier 2021 et juillet 2022, les chercheurs ont recruté 502 volontaires hommes (dont l’âge médian est de 39 ans) ayant des relations sexuelles avec des hommes (avec une médiane de dix partenaires sexuels dans les trois derniers mois) et vivant en région parisienne. Tous étaient sous PrEP (un traitement préventif du VIH) et avaient des antécédents d’IST dans l’année précédente. Ils ont été répartis par tirage au sort en quatre groupes, selon les règles des essais « randomisés ». Le premier a bénéficié d’une prévention postexposition par la doxycycline (dans les vingt-quatre à soixante-douze heures après un rapport sexuel non protégé), le deuxième d’une vaccination contre le méningocoque B, le troisième de la combinaison de ces deux interventions et le dernier n’avait aucune intervention.
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