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Des précautions strictes contre le coronavirus sont recommandées pour les plus de 60 ans et les malades chroniques

Rester au maximum chez soi, opter pour le télétravail, éviter les lieux publics… Des associations de patients donnent leurs recommandations pour les personnes les plus à risque.

Par  et

Publié le 11 mars 2020 à 11h08, modifié le 14 mars 2020 à 12h13

Temps de Lecture 5 min.

Devant un hôpital de Mulhouse, le 9 mars. Selon l’association de patients Renaloo, il est déconseillé de se rendre à l’hôpital, sauf si c’est strictement nécessaire

Toutes les personnes de plus de 60 ans et les malades chroniques doivent d’ores et déjà appliquer des mesures de précaution renforcées contre le coronavirus : ne pas sortir de chez soi sauf raison impérative, garder une distance de plus d’un mètre avec les autres, éviter les contacts avec les plus jeunes, etc.

Face aux inquiétudes grandissantes dans la population, France Assos Santé, qui regroupe 72 associations de patients, a publié mardi 10 mars une série de recommandations strictes. « Les patients et personnes à risque, parmi lesquels un grand nombre de personnes sont des actifs, devraient pouvoir le plus rapidement possible rester à la maison (télétravail, aménagements, etc.) », va jusqu’à recommander l’organisation. La restriction des visites en Ehpad devrait « se généraliser et être renforcée », estime aussi France Assos Santé.

Des préconisations qui peuvent sembler radicales, mais que certains appliquent déjà. « J’ai plus peur du coronavirus que du cancer », raconte une femme de 58 ans soignée pour une tumeur du sein. Son traitement, qui peut affaiblir les défenses immunitaires, doit être contrôlé chaque mois par une prise de sang. Elle ne prend plus les transports en commun, fait très attention aux gestes du quotidien, mais craint de contracter le coronavirus par l’intermédiaire de ses enfants ou de son mari.

Depuis quelques jours, elle envisage carrément de s’isoler à la campagne. « J’ai peur de me rendre à l’hôpital et d’y être contaminée », dit une autre patiente sur un forum de femmes atteintes de cancer. « Je suis ultra-stressée. Nous sortions peu depuis la greffe de mon compagnon, mais là, plus du tout ! », témoigne la compagne d’une personne greffée du rein sur le forum de l’association de patients Renaloo.

Qui sont les personnes les plus vulnérables à une forme grave d’infection par le SARS-CoV-2 ? Une étude chinoise portant sur 191 patients hospitalisés à Wuhan, publiée dans The Lancet le 9 mars, confirme qu’un âge élevé est à lui seul un facteur de mortalité, comme lors d’autres épidémies à coronavirus (SRAS et MERS). Parmi ces patients, ceux qui sont décédés avaient en moyenne 69 ans, les survivants 52.

Cancers : « le risque de complication de l’infection pourrait être majoré »

Fei Zhou et ses collègues observent aussi que la présence d’une comorbidité (pathologie associée) est statistiquement plus fréquente chez ceux qui sont décédés d’une infection à SARS-CoV-2 (67 %) que chez les survivants (40 %). Il s’agit le plus souvent d’une hypertension artérielle, d’un diabète, ou encore d’une atteinte des artères coronaires.

Qu’en est-il des porteurs de maladies respiratoires, comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ? Dans une lettre ouverte au ministre de la santé, l’association France BPCO s’alarme des dégâts du coronavirus chez ces patients, « premières victimes en général de tout désordre viral, météorologique ou environnemental de grande ampleur ». La publication du Lancet ne peut trancher sur ce risque, l’effectif total de malades avec une BPCO étant faible (6).

« N’importe quelle infection virale, le coronavirus mais aussi la grippe, peut amplifier les symptômes habituels des patients insuffisants respiratoires et décompenser leur pathologie, [c’est-à-dire déséquilibrer leur état] », assure la professeure Claire Andrejak, membre de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) et pneumologue au CHU d’Amiens, qui constate que « beaucoup de ses patients sont inquiets ».

« Il n’y a aucun argument actuellement, au vu de la situation épidémiologique française, pour suspendre ou reporter les traitements de votre cancer »

Quant au tabagisme, présent chez 11 des patients de la série chinoise (6 %), il n’apparaît pas comme un facteur de risque de gravité. Cet élément est cependant surprenant quand on sait que plus d’un homme sur deux est fumeur en Chine. Il y a quelques jours, l’association Alliance contre le tabac avait communiqué sur le lien entre tabagisme et formes sévères et très sévères de l’infection, exploitant les résultats d’une étude sur un millier de patients, publiée le 28 février dans le New England Journal of Medicine.

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Quid des personnes touchées par un cancer, dont le système immunitaire peut être affaibli par des chimiothérapies et radiothérapies ? « Le traitement pour un cancer ou les séquelles de ce traitement ne semblent pas augmenter, sur la base des données disponibles, le risque de développer une infection à coronavirus. En revanche, le risque de complication de l’infection pourrait être majoré », indique l’Institut de cancérologie Gustave Roussy dans ses recommandations.

« Il n’y a aucun argument actuellement, au vu de la situation épidémiologique française, pour suspendre ou reporter les traitements de votre cancer », poursuit l’établissement, qui restreint les modalités de visites à ses patients hospitalisés. La Ligue contre le cancer est sur la même ligne.

Des précautions qui s’appliquent de façon générale à toutes les personnes prenant un traitement immuno-suppresseur (qui réduit les défenses immunitaires), dans le cadre d’un cancer, mais aussi d’une greffe d’organes pour prévenir le rejet, ou encore de pathologies chroniques, comme la polyarthrite rhumatoïde, des maladies inflammatoires intestinales, ou certaines affections dermatologiques.

« Il n’y a toutefois pas de données suggérant que les traitements immunosuppresseurs/biothérapies utilisés au cours des maladies inflammatoires chroniques augmenteraient le risque d’infection à Covid-19 », indique une note de médecins, dont le professeur Yazdan Yazdanpanah (service d’infectiologie de l’hôpital Bichat, APHP), dans les recommandations de l’association AFA Crohn (une maladie inflammatoire chronique intestinale).

Pour les personnes greffées, environ 64 000 en France, le professeur Olivier Bastien, responsable du prélèvement et des greffes à l’Agence de la biomédecine, appelle lui aussi à « ne pas interrompre le traitement anti-rejet, ce serait une erreur majeure ».

Le port du masque renforcé fait débat

Saisie de nombreuses interrogations, voire de désarroi de malades du rein, dialysés ou greffés, qui se plaignent souvent d’avoir des informations contradictoires, l’association de patients Renaloo a publié elle aussi des conseils. Elle recommande de « rester au maximum chez soi, opter si possible pour le télétravail, éviter les lieux publics, les transports en commun, les restaurants, salles de spectacle, etc ». De même, selon Renaloo, il est déconseillé de se rendre à l’hôpital, sauf si c’est strictement nécessaire.

L’intérêt du port de masque de type FFP2 (renforcé) chez les personnes à risque mais non infectées fait débat. Pour les autorités sanitaires, ils ne sont utiles que pour les professionnels de santé et les personnes malades. Des associations de patients les recommandent plus largement.

« Si vous devez malgré tout fréquenter un lieu confiné, où vous pourriez croiser des personnes contagieuses, par exemple un centre de dialyse ou un hôpital, portez dans la mesure du possible un masque et respectez une distance de sécurité d’au moins un mètre avec les autres personnes », préconise Renaloo.

« Pour les personnes immunodéprimées ou sous immunosuppresseurs, les masques sont efficaces et c’est prouvé scientifiquement. S’ils doivent voyager, les masques sont certainement une bonne idée », estime Jean-Pierre Thierry, conseiller médical de France Assos Santé. Encore faut-il pouvoir en trouver en pharmacie…

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