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La France buissonnière : 1 euro la pharmacie, qui dit mieux ?

Après quarante ans derrière le comptoir de son officine d’un village d’Indre-et-Loire, Sylvie espérait la vendre au moment de prendre sa retraite. Devant l’absence d’offres, même à prix bradé, elle s’est mise en quête d’un repreneur attaché à la vie rurale.

Publié le 26 novembre 2023 à 14h00, modifié le 01 décembre 2023 à 14h37 Temps de Lecture 2 min.

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Sylvie Drouet dans sa pharmacie, aux Hermites (Indre-et-Loire), le 16 novembre 2023.

Qu’acheter avec 1 euro dans une pharmacie ? Deux cachets d’aspirine, trois cuillerées de sirop, tout au mieux… Aux Hermites (Indre-et-Loire), il est possible, pour le même prix, de repartir avec le fonds de commerce tout entier. Seules contraintes : être soi-même pharmacien et aimer la vie à la campagne. Telles sont les conditions exigées par la propriétaire des lieux, Sylvie Drouet, 66 ans, dont quarante-trois passés à la tête de cette officine de village. « Madame la pharmacienne » tient à ce que les 550 habitants de sa commune puissent continuer à se procurer des médicaments à proximité, et ne souhaite pas voir son remplaçant faire demi-tour au bout de six mois pour incompatibilité avec la ruralité.

Sylvie Drouet aurait évidemment préféré vendre son affaire au prix du marché. Ce sera finalement contre 1 euro symbolique, faute d’acheteur. Tout commence il y a environ quatre ans. Voyant la retraite arriver à grands pas, elle décide de placer sa pharmacie dans plusieurs agences immobilières spécialisées. L’usage voulant que le prix de vente d’une officine corresponde à 65 %-70 % de son chiffre d’affaires, le montant de 450 000 euros est fixé, dans un premier temps. Las, très peu de candidats repreneurs – deux – viendront visiter sa petite boutique de 80 mètres carrés surmontée d’une croix verte, et aucun ne donnera suite.

Sylvie Drouet baissera son prix d’un tiers, sans succès. Ecouler du paracétamol sur les bords de la Dêmée (qui se jette dans la Dême, qui se jette dans le Loir, qui se jette dans la Loire) ne fait manifestement plus autant rêver qu’au tournant des années 1980, quand la diplômée de la faculté de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) était venue s’installer en Touraine avec son mari, Alain, préparateur en pharmacie. Le couple cherchait un cadre de vie compatible avec ses loisirs, l’équitation pour elle, le cyclisme pour lui. Succédant à une pharmacie « qui ne marchait pas bien », leur officine déménagera après quelques années dans une ancienne grange où Sylvie entreposait le foin de ses chevaux.

Désertification médicale

« Notre souhait, aujourd’hui, est de faire en sorte qu’une pharmacie puisse se maintenir au village après nous. C’est important à l’heure où tant de commerces ferment en milieu rural, et où trouver un médecin est devenu si difficile, explique-t-elle devant un lapin chasseur dégusté dans le restaurant voisin. C’est aussi pour cela que nous ne voulons pas refourguer notre officine à n’importe qui. Il faut que notre successeur ait beaucoup d’empathie et qu’il ne regarde pas de haut les agriculteurs qui ouvrent la porte avec leurs bottes pleines de boue. » D’autant que le métier n’est pas le même ici qu’en ville, insiste l’apothicaire, en pointant le phénomène de désertification médicale qui l’amène, de plus en plus souvent, à panser des plaies et des coupures, voire une blessure infligée par une tronçonneuse récalcitrante.

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