#MeToo à l’hôpital : « Les jeunes femmes qui témoignent ne sont pas seules »

Depuis la publication de l’enquête de Paris Match dans laquelle l’infectiologue Karine Lacombe accuse l’urgentiste Patrick Pelloux, la parole autour des violences sexistes et sexuelles se libère dans le monde médical. La praticienne nous dit vouloir « aider à faire bouger le système ».

«Il y avait besoin d’une prise de parole publique pour libérer les prises de parole privées», nous confie Karine Lacombe (ici en mai 2020). LP/Philippe Lavieille
«Il y avait besoin d’une prise de parole publique pour libérer les prises de parole privées», nous confie Karine Lacombe (ici en mai 2020). LP/Philippe Lavieille

    La boîte mail de l’infectiologue Karine Lacombe s’est agitée ce jeudi matin. « Il faudrait vraiment que je parle avec toi », lui ont écrit en substance plusieurs soignantes. Dans un article de Paris Match publié la veille, la praticienne a nommément accusé le médiatique urgentiste Patrick Pelloux d’être un « prédateur sexuel ». Depuis, un tsunami de témoignages visant — sans les citer — de nombreux professionnels de santé a inondé les réseaux sociaux. « Il y avait besoin d’une prise de parole publique pour libérer les prises de parole privées », nous confie Karine Lacombe, qui veut « aider à faire bouger le système ». Le début de #MeToo à l’hôpital ? « Je l’espère », glisse-t-elle.

    En 2021, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) avait enquêté sur les violences sexuelles et sexistes (VSS). 15 % des répondants ont déclaré avoir subi une agression sexuelle pendant leur cursus. Du coup, « on avait déjà conscience de l’ampleur du sujet dans le secteur de la santé », indique Kahina Sadat, vice-présidente de l’ANEMF en charge de la qualité de vie des étudiants. Le milieu de la santé semblait propice à de nombreux abus, allant de la blague graveleuse à la véritable agression. Et ce, dès les premiers pas. « Dans les études médicales, la violence sexuelle fait partie des rites initiatiques dès le départ », témoigne Zoé, 33 ans, médecin généraliste dans l’ouest de la France.